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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/219

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

capitaines bourguignons, lorrains et autres qui désolaient le pays. Parmi ceux qui firent leur soumission se trouvait un homme de trouble, le plus hardi des pillards, hardi par sa naissance, hardi parce qu’il était l’agent commun des ducs de Bourbon et de Bourgogne : c’était le bâtard de Bourbon. Il ne fut pas quitte si aisément qu’il croyait. Le roi le livra, tout Bourbon qu’il était, au prévôt qui lui fit son procès comme à tout autre voleur ; bien et dûment jugé, il fut mis dans un sac et jeté à la rivière. Le chroniqueur bourguignon avoue lui-même que cet exemple fut d’un excellent effet[1]; les capitaines soi-disant royaux qui couraient les champs, eurent sérieusement peur et crurent qu’il était temps de s’amender.

Autre leçon non moins instructive. Le jeune comte de Saint-Pol, se fiant à la protection du duc de Bourgogne, osa enlever sur la route des canons du roi ; le roi lui enleva deux de ses meilleures forteresses. Saint-Pol accourut et demanda grâce, mais il n’obtint rien qu’en se soumettant au Parlement pour l’affaire litigieuse de la succession de Ligny. La duchesse de Bourgogne, qui vint en personne présenter au roi une longue liste de griefs, fut reçue poliment, poliment renvoyée, sans avoir rien obtenu.

Cependant les Anglais, toujours si près de Paris, si puissamment établis sur la basse Seine, l’avaient remontée, saisi Pontoise. Celui qui avait surpris ce grand et dangereux poste, lord Clifford, le gardait lui-même ; l’acharnement et l’opiniâtreté des Clifford

  1. Monstrelet.