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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/220

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HISTOIRE DE FRANCE

ne se sont que trop fait connaître dans les guerres des Roses. Outre les Anglais, il y avait dans Pontoise nombre de transfuges qui savaient bien qu’il n’y aurait pas de quartier pour eux. Ce n’était pas chose facile de reprendre une telle place ; mais comment laisser ainsi les Anglais à la porte de Paris ?

Des deux côtés on fit preuve d’une inébranlable volonté. Le siège de Pontoise fut comme un siège de Troie. Le duc d’York, régent de France, qui devait plus tard faire tuer Clifford dans la guerre civile, vint à son secours. Il amena une armée de Normandie, ravitailla la place, offrit la bataille (juin) ; Talbot était avec lui. Les Anglais croyaient toujours avoir affaire au roi Jean ; mais les sages et froids conseillers de Charles VII se souciaient fort peu du point d’honneur chevaleresque. La guerre était déjà pour eux une affaire de simple tactique. Le roi laissa donc passer les Anglais, s’écarta, revint. Talbot revint à son tour, et fit entrer encore des vivres (juillet). Le duc d’York ramena de nouveau son armée, et n’obtint pas encore la bataille. On le laissa, tant qu’il voudrait, courir l’Île-de-France ruinée et se ruiner lui-même dans ces vaines évolutions. Le roi ne lâchait pas prise ; il avait fortifié près de la ville une formidable bastille que les Anglais ne purent attaquer. Quand ils se furent épuisés, harassés pour ravitailler quatre fois Pontoise, Charles VII reprit sérieusement le siège ; Jean Bureau battit la ville en brèche avec une activité admirable[1];

  1. « Tellement s’y comporta qu’il en est cligne de recommandation perpétuelle. » (Jean Chartier.)