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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/221

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

deux assauts meurtriers, cinq heures durant, furent livrés ; d’abord une église qui faisait redoute fut emportée, puis la place elle-même (16 sept. 1441). Ainsi des gens qui n’osaient combattre les Anglais en plaine les forçaient dans un assaut.

La reprise de Pontoise était une délivrance pour Paris et pour tout le pays d’alentour ; la culture pouvait dès lors recommencer ; les subsistances étaient assurées. Les Parisiens n’en surent nul gré au roi. Ils ne sentaient que leur misère présente, le poids des taxes ; elles atteignaient les confréries même, les églises, qui se plaignaient fort.

La bonne volonté ne manquait pas aux princes pour profiter de ces mécontentements. Le duc de Bourgogne, sans paraître lui-même, les rassembla chez lui à Nevers (mars 1442). Le duc d’Orléans dont il faisait ce qu’il voulait, depuis qu’il l’avait délivré, présidait pour lui l’assemblée, les ducs de Bourbon et d’Alencon, les comtes d’Angoulême, d’Étampes, de Vendôme et de Dunois. Le roi envoya bonnement son chancelier à ce conciliabule qui se tenait contre lui, lui faisant dire qu’il les écouterait volontiers.

Leurs demandes et doléances laissaient voir très bien le fond de leur pensée. La Praguerie ayant échoué, parce que les villes étaient restées fidèles au roi, il s’agissait cette fois de les tourner contre lui, de faire en sorte que le peuple s’en prît au roi seul de tout ce qu’il souffrait. Les princes donc, dans leur amour du bien public et du bon peuple de France, remontraient au roi la nécessité de faire la paix ; et