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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/225

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

rèrent pas de reprendre l’importante petite ville. Ils envoyèrent là, comme partout où il fallait de la vigueur, leur vieux lord Talbot. Il prit poste au-dessus du Pollet sur la falaise ; il y établit une bonne bastille, une tour avec force canons et bombardes, pour répondre au fort et écraser la ville qui est entre. Une grande flotte, une armée allait venir d’Angleterre ; on l’attendait de moment en moment ; il fallait la prévenir. Le dauphin obtint d’être envoyé avec Dunois ; beaucoup de gentilshommes picards et normands voulurent être de la partie. Le soir de son arrivée, il fit les premières approches. Il ne prit pas même le temps de mettre en batterie l’artillerie qu’il avait amenée ; il fit des ponts de bois pour franchir les fossés de la bastille, et tenta tout d’abord l’escalade. Au second assaut, pendant que la ville en alarme faisait une procession à la Vierge et que les cloches étaient en branle, la bastille fut emportée.

La grande flotte apparut enfin majestueusement, à temps pour être témoin des fêtes de la délivrance. Il en resta pour Dieppe les folles farces des mitouries de la mi-août, qu’on faisait dans les églises. Le dauphin eut aussi sa fête (déjà à la Louis XI), la pendaison d’une soixantaine de vieux Bourguignons pris dans la bastille, et le lendemain encore, il passa les Anglais en revue pour bien reconnaître ceux qui lui avaient chanté pouille du haut des murs et les faire accrocher aux pommiers du voisinage[1].

  1. App. 89.