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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/226

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HISTOIRE DE FRANCE

Tout le résultat qu’eut la grande et coûteuse expédition anglaise, ce fut pour le commandant, le lord duc de Somerset, l’honneur d’une promenade chevaleresque de Normandie en Anjou. Ayant réuni tout ce qu’il y avait de forces disponibles, il s’en alla sans obstacle, sans mauvaise rencontre (sauf une affaire de nuit où il tua trente hommes), assiéger la petite place de Pouancé ; mais, n’ayant pas été plus heureux à prendre Pouancé qu’à reprendre Dieppe, il revint à Rouen se reposer de ses travaux et prendre ses quartiers d’hiver[1].

Cet hiver, pendant que Somerset jouissait de ce victorieux repos, le dauphin Louis traversait brusquement tout le royaume pour ruiner et détruire le meilleur ami des Anglais. Le comte d’Armagnac, mécontent de l’arrangement du Comminges, où on ne lui faisait point part, avait essayé de prendre le tout ; il défendit à ses sujets de rien payer désormais au roi Charles, et leva sa bannière d’Armagnac contre la bannière de France[2]. Il comptait sur les Anglais, sur le duc de Glocester, qui voulait en effet marier Henri VI avec une fille du comte. La chose se serait peut-être arrangée pour le printemps ; l’hiver même il n’y eut plus d’Armagnac ; la fille et le père, tout fut pris. Le dauphin, qui était un âpre chasseur, se chargea encore de cette chasse au loup. Il part en janvier, franchit les neiges, les fleuves grossis, et trouve la proie au gîte, tout ce qu’il y avait

  1. Jean Chartier.
  2. L’une des principales ressources du comte pour la guerre était la monnaie, bonne ou mauvaise, qu’il fabriquait dans tous ses châteaux. (Archives, Trésor des Chartes, Registre 477, no 222.)