d'Armagnac enfermé dans une place. La place était forte : il fallait les tirer de là. Le dauphin parla doucement, comme parent, et fit si bien que son beau cousin (il l’appelait ainsi) vint se livrer avec les siens, croyant en être quitte pour cette parole, que dès lors il était au roi de France. Le dauphin le prit au mot, emmena tous ces Armagnac et les mit sous bonne garde. Ils ne furent lâchés que deux ans après, lorsque Henri VI était marié dans la maison de France, et que l’Angleterre, occupée de ses discordes, ne pouvait ranimer les nôtres[1].
Glocester et le parti de la guerre avaient bien pu encourager Armagnac, mais non le défendre. Ils avaient assez de peine à se défendre eux-mêmes en Angleterre contre les évêques, contre les partisans de la paix, Winchester et Suffolk, qui avaient pris le dessus. Ceux-ci, après la vaine et ruineuse expédition de Somerset, furent décidément les maîtres, et, quoiqu’il en coûtât à l’orgueil anglais, ils négocièrent une trêve, un mariage qui rapprochât, sinon les deux peuples, au moins les deux rois.
Mais il y avait un troisième peuple bien embarrassant pendant la trêve, le peuple des gens de guerre. Que faire de cette tourbe d’hommes de toutes nations qui étaient depuis si longtemps en possession de désoler le pays ? Ni les Anglais ni les Français ne pouvaient espérer de contenir les leurs. Ce qu’on pouvait, c’était de les décider à aller voler ailleurs, à quitter la France ruinée pour visiter la bonne Allemagne, pour faire un