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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/233

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RÉFORME ET PACIFICATION DE LA FRANCE

tagnards, si souvent affamés dans leurs neiges, étaient obligés de venir acheter du blé aux marchés d’en bas. Souvent ils refusaient d’en vendre, dussent les autres crever de faim. « Hommes d’Uznach, disait un bourgmestre, vous êtes à nous, vous, votre pays, votre avoir, jusqu’à vos entrailles » ; leur reprochant durement le pain que Zurich leur vendait.

Dans la guerre contre les autres Cantons[1], Zurich avait l’alliance de l’empereur, mais non l’appui de l’Empire. Les Allemagnes ne se mettaient pas aisément en mouvement. Consultées par l’empereur, elles répondirent froidement que se mêler de ces affaires entre villes suisses, c’était « mettre la main entre la porte et les gonds[2]».

Quelques nobles allemands se jetèrent dans la ville pour la défendre ; néanmoins les autres Cantons l’attaquaient avec tant d’acharnement qu’elle ne pouvait guère résister. L’empereur s’adressa au roi de France, dont son cousin Sigismond allait épouser la fille ; le margrave de Bade invoqua l’appui de la reine, sa parente ; la noblesse de Souabe envoya près de Charles VII le plus violent ennemi des Suisses, Burckard Monck, pour lui représenter que la chose était dangereuse, qu’elle pouvait gagner de proche en proche, que toute noblesse était en danger. Le roi, le dauphin déjà en route, reçurent je ne sais combien d’ambassades coup sur coup, à Tours, à Langres, à Joinville, à Montbéliard, à Altkirk[3]. La chose pressait en effet. Zurich

  1. Berne resta étrangère à cette guerre contre Zurich. App. 96.
  2. Fugger.
  3. App. 97.