était assiégée depuis deux mois ; on pouvait apprendre d’un moment à l’autre qu’elle était prise, saccagée, passée au fil de l’épée.
L’armée était en mouvement ; mais ce n’était pas une opération facile que de mener si loin, en toute sagesse et modestie, ce grand troupeau de voleurs. Il y avait quatorze mille Français, huit mille Anglais, des Écossais, toutes sortes de gens. Chaque nation marchait à part sous ses chefs. Le dauphin avait le titre de commandant général. Sur le passage de ces bandes, les Bourguignons fort inquiets étaient sur pied, en armes, et tout prêts à tomber dessus. Elles arrivèrent pourtant sans grand désordre en Alsace.
Bâle avait beaucoup à craindre. Avant-garde des Cantons, elle savait que le pape avait offert de l’argent au dauphin pour que, chemin faisant, il le débarrassât du concile. Les bourgeois, les Pères, fort effrayés, avertirent les Suisses en toute hâte, énumérant les troupes de toute nation qui approchaient de la ville, et répétant les terribles histoires que l’on contait partout sur les brigands armagnacs. Les Suisses, tout acharnés qu’ils étaient au siège, résolurent, sans le quitter, d’envoyer quelques milliers d’hommes[1], pour voir ce qu’étaient ces gens-là.
La grande armée tournait le Jura et venait, corps par corps, à la file, vers la petite rivière (la Birse). Déjà un corps avait passé ; les Suisses se ruèrent dessus ; ce choc de deux ou trois mille lances à