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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/248

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HISTOIRE DE FRANCE

Cobhar, duchesse de Glocester, femme de l’oncle du roi ; l’oncle était jusque-là l’héritier présomptif du neveu. Une reine arrivant, la duchesse allait descendre à la seconde place ; qu’il survînt un enfant, Glocester n’était plus l’héritier, il ne lui restait qu’à s’en aller, à mourir de son vivant, en s’enterrant dans quelque manoir. Le seul remède, c’était que le bon roi, trop bon pour cette terre, fût envoyé tout droit au ciel[1] … Dès lors, Glocester régnait et lady Cobhar, qui avait déjà eu l’habileté de se faire duchesse, se faisait reine et recevait la couronne dans l’abbaye de Westminster.

La dame peu scrupuleuse eut certainement ces pensées ; on ne sait trop jusqu’où elle alla dans l’exécution. Elle était entourée des gens les plus suspects. Son directeur en ces affaires était un certain Bolingbroke, grand clerc[2], surtout dans les mauvaises sciences. Elle consultait aussi un chanoine de Westminster, et se servait d’une sorcière, la Margery, dont nous avons parlé.

Le but étant la mort du roi, on avait fait un roi de cire, lequel fondant, Henri fondrait aussi. Le grand magicien, Bolingbroke, siégeait pendant l’opération sur une sorte de trône, tenant en main le sceptre et l’épée de justice ; des quatre coins du siège partaient quatre épées, dirigées contre autant d’images de cuivre [3]. Mais tout

  1. « Entended to destroy the King… By examination convict. » (Hall and Grafton.)
  2. 2. « Notabilissimus clericus unus illorum in toto mundo. » (Wyrcester.)
  3. C’étaient probablement les figures du roi, du cardinal et des deux princes qui avaient chance d’arriver au trône, York et Somerset.