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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/275

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TROUBLES DE L’ANGLETERRE

seigneurs transmettraient leurs fiefs à leurs enfants. Il n’y avait pas d’exemple de guerre si douce, si clémente[1]. Le roi voulut bien encore accorder un délai à Bordeaux ; enfin, n’étant pas secourue, elle ouvrit ses portes (23 juin) ; Bayonne s’obstina et tint deux mois de plus (21 août).

La perte de ces villes dévouées, opiniâtres dans leur fidélité et abandonnées sans secours, c’était une arme terrible pour York. Ses partisans calculaient emphatiquement qu’en perdant l’Aquitaine, l’Angleterre avait perdu trois archevêchés, trente-quatre évêchés, quinze comtés, cent deux baronnies, plus de mille capitaineries, etc., etc. Puis on rappelait la perte de la Normandie, du Maine, de l’Anjou, on annonçait celle de Calais ; le traître Somerset l’avait déjà vendue, disait-on, au duc de Bourgogne.

York se crut si fort qu’un de ses hommes, député des communes, proposa de le déclarer héritier présomptif. L’intention était claire, mais elle était avouée trop tôt ; il y avait encore de la loyauté dans le pays. Ce mot révolta les communes ; l’imprudent fut mis à la Tour.

Une tentative d’York à main armée ne fut pas plus heureuse ; il rassembla des troupes, et arrivé en face du roi, il se trouva faible ; il vit que les siens hésitaient, les licencia lui-même et se livra. Il savait bien qu’on n’oserait le faire périr, qu’il en serait quitte, et il le fut

  1. Le roi avait ordonné aux soldats de payer tout ce qu’ils prendraient ; s’ils prenaient sans payer, ils devaient rendre et perdre leur solde pour quinze jours. Cette pénalité, fort douce, dut être plus efficace que les plus rigoureuses, parce qu’elle put être sérieusement appliquée. App. 116.