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HISTOIRE DE FRANCE

furent en France, à Crevant[1], à Verneuil (1423-1424), non seulement battus, mais détruits ; les Anglais prirent garde qu’il n’en échappât. On prétendit que les Gascons, jaloux des Écossais, ne les avaient pas soutenus[2].

Les Anglais faillirent donner à Charles VII un allié bien plus utile et plus important que les Écossais ; je parle du duc de Bourgogne. Il y avait deux gouvernements anglais : celui de Glocester à Londres, celui de Bedford à Paris ; les deux frères s’entendaient si peu, qu’au même moment Bedford épousait la sœur du duc de Bourgogne, et Glocester commençait la guerre contre lui[3]. Un mot sur cette romanesque histoire.

Le duc de Bourgogne, comte de Flandre, croyait n’avoir vraiment sa Flandre que quand il l’aurait flanquée de Hollande et de Hainaut. Ces deux comtés étant tombés entre les mains d’une fille, la comtesse Jacqueline, le duc de Bourgogne maria cette fille à un sien cousin, un enfant maladif, espérant bien qu’il ne viendrait rien de ce mariage et qu’il hériterait. Jacqueline, qui était une belle jeune femme, ne se résigna pas[4], elle laissa son triste mari, passa lestement le détroit et se proposa elle-même au duc de Glocester[5]. Les Anglais, qui ont les Pays-Bas en face, qui les ont tou-

  1. App. 9
  2. Amelgard ajoute que les Français furent consolés de la perte de cette sanglante bataille de Verneuil par l’extermination des Écossais.
  3. Bedford lui-même ne craignit pas de mécontenter le duc de Bourgogne, en faisant casser un jugement des tribunaux de Flandre par le Parlement de Paris. (Archives, Trésor des chartes, 1423. 30 avril, J, 573.)
  4. App. 10
  5. Elle dit gaiement à Glocester qu’il lui fallait un mari et un héritier.