pour tous, leur mot de ralliement à Gourtrai : « Mon ami, mon bouclier. »
Simple et belle organisation. Chaque homme, chaque famille est représentée dans la cité par sa maison qui paie et répond pour lui ; le comte, tout comme un autre, doit avoir sa maison qui réponde à son petit nom d’Hanotin de Flandre. Chaque famille d’amis ou confrérie a de même sa maison qu’elle orne et pare à l’envi, qu’elle sculpte et peint au dehors, au dedans. Combien plus orneront-ils la maison de l’Amitié générale, la maison de ville ! Nulle dépense ne coûtera, nul effort pour en élargir le portail, en exhausser le beffroi, en sorte que les villes voisines le voient de dix lieues sur les grandes plaines, et que leurs tours fassent la révérence à la dominante tour.
Telle apparaît au loin celle de Bruges, svelte et majestueuse tout ensemble, par-dessus la forte halle qui gardait le trésor des dix-sept nations. Tel s’étend, plus large de cent pieds que toute la longueur de Notre-Dame de Paris, l’incomparable façade de la halle d’Ypres… Celui qui rencontre dans une petite ville déserte ce monument, digne des plus puissants empires, reste muet devant une telle grandeur… Et la grandeur n’est pas ce qu’il faut admirer ici ; mais bien l’identité des formes, l’harmonie, l’unité de plan, celle de volonté qui dut gouverner la ville pendant cette longue construction[1] ; vous croyez y voir un peuple voulant comme un homme, une concorde persévérante, un siècle au moins d’amitié.