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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/316

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HISTOIRE DE FRANCE

au foyer du mécontentement, tenir une solennelle assemblée de la Toison d’or, faire en quelque sorte par-devant les Flamands une revue des princes et seigneurs qui le soutenaient, leur montrer quel redoutable souverain était leur comte de Flandre. Une cérémonie coûteuse étalée devant ce peuple économe, un tournoi magnifique au Marché des vieux habits, la Toison d’or donnée à un de ces Zélandais qui avaient fait manquer le siège de Calais, qui aidèrent à la chute de Bruges, et bientôt à celle de Gand, rien de tout cela, sans doute, ne pouvait calmer les esprits. Il y avait à parier qu’à la première vexation fiscale, il y aurait explosion.

Cette année même, 1448[1], le duc se crut assez fort pour risquer la chose. Il essaya d’un droit sur le sel, droit odieux pour bien des causes, mais spécialement en ceci, qu’il portait sur tous, annulait tout privilège ; pour les privilégiés, nobles et bourgeois, payer un tel impôt, c’était déroger.

Il faut savoir pourquoi le duc se croyait assez tranquille du côté du roi pour faire en Flandre ces tentatives hardies. C’est qu’il avait un bon ami en France pour troubler le pays, un roi en espérance, contre le roi régnant. Le dauphin, nous l’avons dit, n’avait eu ni jeunesse ni enfance ; il était né Louis XI, c’est-à-dire singulièrement inquiet, spirituel et malfaisant. Dès quatorze ans, il faisait ce qu’il fit pendant son règne, la chasse aux grands, aux Retz, aux Armagnacs. À

  1. App. 148.