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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/346

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HISTOIRE DE FRANCE

avait scandale, sans nul doute, mais surtout en ceci, qu’Agnès avait été donnée à Charles VII par la mère de sa femme, par sa femme peut-être. Le dauphin se montra de bonne heure plus jaloux pour sa mère que sa mère ne l’était. On assure qu’il porta la violence jusqu’à donner un soufflet à Agnès. Quand la Dame de Beauté mourut (par suite de couches, selon quelques-uns), tout le monde crut que le dauphin l’avait fait empoisonner. Au reste, dès ce temps, ceux qui lui déplaisaient vivaient peu ; témoin sa première femme, la trop savante et spirituelle Marguerite d’Écosse, celle qui est restée célèbre pour avoir baisé en passant le poète endormi[1].

Tous les gens suspects au roi devenaient infailliblement amis du dauphin. Cela est frappant surtout pour les Armagnacs. Le dauphin était né leur ennemi ; il commença sa vie militaire par les emprisonner, et il devait finir par les exterminer. Eh bien ! dans l’intervalle, ils lui plaisent comme ennemis de son père, il se rapproche d’eux et prend pour factotum, pour son bras droit, le bâtard d’Armagnac.

Autant qu’on peut juger cette époque assez obscure, les intrigues des Armagnacs, du duc d’Alençon, se rattachent à celles du dauphin, aux espérances que leur donnait à tous cette guerre en paix du duc de Bourgogne et du roi. L’affaire même de Jacques Cœur s’y rapporte en partie ; on l’accusa d’avoir empoisonné Agnès et d’avoir prêté de l’argent à l’ennemi d’Agnès, au dauphin. Un mot sur Jacques Cœur.

  1. App. 163.