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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/345

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JACQUES COEUK. — LE DAUPHIN LOUIS

eut ainsi plus d’une secrète épine, une surtout, terrible, dans sa famille, dont il fut piqué toute sa vie et mourut à la longue.

Dans toutes les affaires, grandes ou petites, qui troublèrent, vers la fin, ce règne, se retrouve toujours le nom du dauphin. Accusé en toutes, jamais convaincu, il reste pour tel historien (qui plus tard le traitera fort mal comme roi) le plus innocent prince du monde. Quant à lui, il s’est mieux jugé. Tout vindicatif qu’il pût être, il fit assez entendre à son avènement que ceux qui l’avaient désarmé et chassé de France, les Brézé et les Dammartin, avaient agi en cela comme loyaux serviteurs du roi, et il se les attacha, persuadé qu’ils serviraient non moins loyalement le roi, quel qu’il fût.

Le bonhomme Charles VII aimait les femmes, et il en avait quelque sujet. Une femme héroïque lui sauva son royaume. Une femme, bonne et douce, qu’il aima vingt années[1], fit servir cet amour à l’entourer d’utiles conseils, à lui donner les plus sages ministres, ceux qui devaient guérir la pauvre France. Cette excellente influence d’Agnès a été reconnue à la longue ; la Dame de Beauté, mal vue, mal accueillie du peuple, tant qu’elle vécut, n’en est pas moins restée un de ses plus doux souvenirs.

Les Bourguignons criaient fort au scandale, quoique pendant les vingt années où Charles VII fut fidèle à Agnès, leur duc ait eu justement vingt maîtresses. Il y

  1. Après la mort d’Agnès, il eut d’autres amours, moins excusables. App. 162.