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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/357

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CHARLES VII ET PHILIPPE-LE-BON

écrit respectueusement, pieusement, « qu’étant, avec l’autorisation de son seigneur et père, gonfalonier de la sainte Église romaine, il n’avait pu se dispenser d’obtempérer à la requête du pape, et de se joindre à son bel oncle de Bourgogne, qui allait partir contre les Turcs pour la défense de la foi catholique ». Par une autre lettre adressée à tous les évêques de France, il se recommandait à leurs prières pour le succès de la sainte entreprise.

À l’arrivée, ce fut entre lui et la duchesse et le duc un grand combat d’humilité[1] ; ils lui cédaient partout, et le traitaient presque comme le roi ; lui, au contraire, de se faire d’autant plus petit et le plus pauvre homme du monde. Il les fit pleurer au récit lamentable des persécutions qu’il avait endurées. Le duc se mit à sa disposition, lui, ses sujets, ses biens, toutes choses[2], sauf la chose que voulait le dauphin, une armée pour rentrer dans le royaume et mettre son père en tutelle. Le duc n’avait nulle envie d’aller si vite ; il se faisait vieux ; ses États, ce vaste et magnifique corps, ne se portaient pas bien non plus ; il était toujours endolori du côté de la Flandre, et il avait mal à la Hollande. Ajoutez que ses serviteurs, qui étaient ses maîtres, MM. de Groy, ne l’auraient pas laissé faire la guerre. Elle eut ramené les grosses taxes[3], les révoltes. Et qui

  1. App. 174.
  2. Il se contenta d’intercéder, quelquefois assez aigrement. Il dit au roi, dans une lettre, que le dauphin a fait demandes bonnes et raisonnables… « et a escript que lui aviez faict bien estrange response ». (Ms. Baluze.)
  3. Sous l’influence pacifique des Croy, de 1458 à 1463, les taxes diminuent sensiblement. App. 175.