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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/368

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HISTOIRE DE FRANCE

Le duc de Bourgogne ne mourut pas encore ; mais il n’en était guère mieux. Il devenait de plus en plus maladif de corps et d’esprit. Il passait sa vie à mettre d’accord les Croy avec son fils et sa femme. Le dauphin pratiquait les deux partis ; il avait un homme sûr près du comte de Charolais. Son exemple (sinon ses conseils) suscitait au duc un ennemi dans son propre fils ; les choses en vinrent au point entre le fils et le père, que l’impétueux jeune homme faillit imiter le dauphin, et fit demander à Charles VII s’il le recevrait en France.

La lutte du duc et du roi n’est donc pas près de finir. Que Charles VII meure, que Louis XI soit ramené en France par le duc, sacré par lui à Reims, il n’importe, la question restera la même. Ce sera toujours la guerre de la France aînée, de la grande France homogène, contre la France cadette, mêlée d’Allemagne. Le roi (qu’il le sache ou non), c’est toujours le roi du peuple naissant, le roi de la bourgeoisie, de la petite noblesse, du paysan, le roi de la Pucelle, de Brézé, de Bureau, de Jacques Cœur. Le duc est surtout un haut suzerain féodal, que tous les grands de la France et des Pays-Bas se plaisent à reconnaître pour chef ; ceux qui ne sont pas ses vassaux ne veulent pas moins dépendre de lui, comme du suprême arbitre de l’honneur chevaleresque. Si le roi a contre le duc sa juridiction d’appel, son instrument légal, le Parlement[1], le duc a sur les


    disoit on lors que lung desditz paiges avoit esté par quatre jours entiers sans boire et sans mangier. » (Cronique Martiniane.)

  1. App. 183.