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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/62

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HISTOIRE DE FRANCE

— « Et quel est votre seigneur ? » — « C’est Dieu !… » Le gentilhomme fut touché. Il lui promit « par sa foi, la main dans la sienne, que sous la conduite de Dieu il la mèneroit au roi ». Un jeune gentilhomme se sentit aussi touché, et déclara qu’il suivrait cette sainte fille.

Il paraît que Baudricourt envoya demander l’autorisation du roi[1]. En attendant, il la conduisit chez le duc de Lorraine, qui était malade et voulait la consulter. Le duc n’en tira rien que le conseil d’apaiser Dieu, en se réconciliant avec sa femme. Néanmoins il l’encouragea.

De retour à Vaucouleurs, elle y trouva un messager du roi qui l’autorisait à venir. Le revers de la Journée des harengs décidait à essayer de tous les moyens. Elle avait annoncé le combat le jour même qu’il eut lieu. Les gens de Vaucouleurs, ne doutant point de sa mission, se cotisèrent pour l’équiper et lui acheter un cheval[2]. Le capitaine ne lui donna qu’une épée.

Elle eut encore en ce moment un obstacle à surmonter. Ses parents, instruits de son prochain départ, avaient failli en perdre le sens ; ils firent les derniers efforts pour la retenir ; ils ordonnèrent, ils menacèrent. Elle résista à cette dernière épreuve et leur fit écrire qu’elle les priait de lui pardonner.

C’était un rude voyage et bien périlleux qu’elle

  1. Je croirais volontiers que le capitaine Baudricourt consulta le roi, et que sa belle-mère, la reine Yolande d’Anjou, s’entendit avec le duc de Lorraine sur le parti qu’on pouvait tirer de cette fille. Elle fut encouragée au départ par le duc, et à son arrivée accueillie par la reine Yolande, comme on le verra. App. 24.
  2. « Equum pretii XVI francorum. » (Déposition de Jean de Metz.)