Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
HISTOIRE DE FRANCE

faveur de la Pucelle. Cette fille inspirée qui arrivait de Lorraine, et que le duc de Lorraine avait encouragée, ne pouvait manquer de fortifier près du roi le parti de la reine et de sa mère, le parti de Lorraine et d’Anjou. Une embuscade fut dressée à la Pucelle à quelque distance de Chinon, elle n’y échappa que par miracle[1].

L’opposition était si forte contre elle que, lorsqu’elle fut arrivée, le conseil discuta encore pendant deux jours si le roi la verrait. Ses ennemis crurent ajourner l’affaire indéfiniment en faisant décider qu’on prendrait des informations dans son pays. Heureusement, elle avait aussi des amis, les deux reines, sans doute et surtout le duc d’Alençon, qui, sorti récemment des mains des Anglais, était fort impatient de porter la guerre dans le Nord pour recouvrer son duché. Les gens d’Orléans, à qui depuis le 12 février Dunois promettait ce merveilleux secours, envoyèrent au roi et réclamèrent la Pucelle.

Le roi la reçut enfin, et au milieu du plus grand appareil ; on espérait apparemment qu’elle serait déconcertée. C’était le soir ; cinquante torches éclairaient la salle, nombre de seigneurs, plus de trois cents chevaliers étaient réunis autour du roi. Tout le monde était curieux de voir la sorcière ou l’inspirée.

La sorcière avait dix-huit ans[2] ; c’était une belle fille[3]

  1. « Ibidem. (Déposition de frère Séguin.)
  2. Elle déclara en février 1431, « qu’elle avait dix-neuf ans ou environ ». App. 25.
  3. « Mammas, quæ pulchræ eran. »