Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/354

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invoquait la bonne nature et disait : « Aimez encore. »

À ce mot, d’aigres cris s’élèvent, on avait touché la fibre malade. « Non, nous ne voulons pas aimer ! nous ne voulons pas être heureux !… Il y a là-dessous quelque chose. Sous cette forme religieuse qui divinise la femme, il a beau fortifier, émanciper son esprit ; il veut une idole esclave, et la lier sur l’autel. »

Ainsi, au mot d’union, éclata le mal du temps, division, dissolution, les tristes goûts solitaires, les besoins de la vie sauvage, qui couvent au fond de leur esprit.

Des femmes lurent et pleurèrent. Leur directeurs (religieux ou philosophes, n’importe) dictèrent leur langage. À peine osèrent-elles faiblement défendre leur défenseur. Elles firent mieux, elles relurent, dévorèrent le coupable livre ; elles le gardent pour les heures libres et l’ont caché sous l’oreiller.

Cela le console fort, ce livre si malmené, et des injures de l’ennemi, et des censures de l’ami. Ni les hommes du Moyen-âge, ni ceux de la femme libre, n’y trouvaient leur compte. L’Amour voulait retirer la femme au foyer. Ils préfèrent pour elle le trottoir ou le couvent.


« Un livre pour le mariage, pour la famille ? Scandale ! Faites-nous plutôt, je vous prie, trente romans pour l’adultère. À force d’imagination, rendez-le un peu amusant. Vous serez bien mieux reçu. »