une charge de viande d’élan, que nous trouvâmes délicieuse, après n’avoir si longtemps eu à manger que du pemmican, manquant de farine et, ce qui était la plus grande des privations, n’ayant presque plus de thé.
Le Chasseur et le Loup se reconnurent pour de vieux amis qui ne s’étaient pas vus depuis plusieurs années, et ils fraternisèrent tout de suite d’une manière étonnante. Le premier réclama immédiatement une demi-pinte de rhum, que Cheadle lui avait promise pour récompense à l’époque de nos circonstances critiques, s’il rapportait avec promptitude les provisions à Milton. La dette fut donc payée et les deux amis ne tardèrent pas à devenir fort gais et à entonner leurs chansons. De temps à autre, ils venaient nous serrer la main et nous certifier que nous étions des Okey Mows de premier ordre. Kînémontiayou partageait de bonne foi sa liqueur avec son camarade. Quand elle fut épuisée, Mahaygun se leva, nous fit un discours où il exposait dans les termes les plus flatteurs sa reconnaissance pour l’hospitalité que nous avions exercée envers lui ; il le terminait en nous assurant qu’il était honteux vraiment de nous demander une nouvelle faveur. Cependant, d’autre part, il avait près de lui son cher ami Kînémontiayou, l’ami de son cœur, son camarade fidèle, qu’il n’avait pas rencontré depuis tant d’années. Cet ami venait de lui donner généreusement du rhum. Comment pourrait-il reconnaître une pareille politesse ? Il n’y en avait qu’un moyen. Lui offrir du rhum à son tour ? mais il ne le pouvait qu’en nous en demandant. Il était donc sûr que nous ferions droit à sa requête et que nous l’excuserions, car il ne voyait pas d’autre façon de résoudre la difficulté où il se trouvait placé.
Comme nous avions été fort touchés de l’honnêteté de cet homme qui, presque mourant de faim, avait respecté nos provisions lorsqu’il avait visité notre hutte en notre absence, nous consentîmes à lui faire cadeau d’une quantité de liqueur égale à