pas, mais dans un silence parfait, à travers les épaisseurs du fourré, où nous trouvions des marques de plus en plus fraîches : un tronc pourri récemment déchiré, un nid d’abeilles qui venait d’être détruit et des empreintes où le gazon semblait encore se relever d’une pression qui cessait. Nous étions fort émus. Avançant doucement, nos fusils armés, respirant à peine, nous pensions à chaque instant voir se dresser les trois monstres devant nous ; malheureusement nous arrivions sur un terrain dur, sans herbe, où il fut impossible de reprendre la piste et, après une longue recherche, nous fûmes, bien malgré nous, contraints d’abandonner notre poursuite.
Milton et Baptiste retournèrent au camp pour faire les paquets et continuer le voyage, et Cheadle, avec L’Assiniboine, s’obstina à suivre une trace fraîche d’élan que nous avions coupée. Ils nous rejoignirent avant la nuit sans avoir réussi à trouver l’animal qu’ils avaient chassé.
En arrivant près du bivac, Milton observa la tête de M. O’B. passée avec précaution hors de la porte de la loge pour examiner ce qui s’approchait. Dès que M. O’B. fut bien certain que ce n’étaient pas des ours, mais des hommes qui venaient, il osa sortir. La réception qu’il leur fit fut chaleureuse, et il discourut longuement sur les horribles inquiétudes que lui avait données leur absence.
Le lendemain, Cheadle se disposait à prendre les devants, afin d’avoir la chance de trouver du gibier, quand M. O’B. vint lui recommander la plus grande prudence. Il devait charger les deux canons à balle et ne s’avancer que le fusil armé, prêt à faire feu. Cheadle lui assura qu’il était indispensable d’avoir un canon chargé à petit plomb pour le gibier à plumes, et il partit en riant. Mais M. O’B. le suivait des yeux avec une expression de pitié et branlant la tête de la façon la plus tragique. Milton et le reste de la compagnie marchèrent presque toute cette journée, s’étonnant à la fin de ne pas avoir vers midi rencontré