Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/24

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on les a retenus en 1862 pendant près de six semaines à attendre un payement qui n’est pas arrivé. Faut-il s’étonner alors de ce que, traités chaque année avec un pareil mépris, dénués de tout, mourants de faim, les Sioux aient enfin perdu patience et se soient levés pour tirer vengeance d’une race odieuse à tous les Indiens de l’Ouest ?

Nous ignorions les périls qui nous entouraient ; nous n’avions aucun soupçon des effroyables scènes dont le pays que nous quittions allait bientôt être le théâtre. Nous partîmes donc gaiement par la diligence. À mesure que nous avancions vers l’ouest, les prairies devenaient plus vastes, les bois élevés moins fréquents, et les habitations humaines plus rares[1]. Les côtés de la route regorgeaient de poulets des prairies et de canards. Le conducteur, quand l’occasion s’en présentait, avait l’obligeance de nous mettre à portée d’abattre quelque gibier. Le troisième jour, nous arrivions à la Rivière Rouge. La nuit se passa dans le fort Abercrombie, et le lendemain 13 juillet nous entrions à Georgetown. Ici s’arrêtait la diligence. Quant au bateau à vapeur que nous avions l’intention de prendre pour nous rendre au fort Garry, on ne l’attendait pas avant quelques jours. Il était donc très-vraisemblable que nous avions à voir de Georgetown beaucoup plus que nous ne nous l’étions proposé.



  1. Ces récits établissent que le dos de pays, qui sépare le bassin des grands lacs se déversant dans le golfe du Saint-Laurent, le bassin du Mississipi coulant vers le golfe du Mexique, et le bassin du lac Ouinnipeg et de la baie de Hudson, n’offre, du moins entre les sources du Mississipi et de la Rivière Rouge du nord, aucune élévation notable. (Trad.)