pour nos animaux fatigués et affamés. Ils y piétinèrent çà et là toute la nuit, jusqu’au matin.
Le lac de l’Élan est une belle pièce d’eau d’environ quinze milles de long, sur trois milles à sa plus grande largeur. Le paysage est grand et fort sauvage ; il nous rappelait Wast Water. Au sud, des monts, qui avaient peut-être deux mille pieds, s’élevaient de l’eau perpendiculairement et, derrière eux, on apercevait le fond ordinaire de pics rocheux et blanchis par la neige. Sur le bord de cet immense précipice se brisaient avec tapage des ruisseaux sans nombre, dont les plus petits se résolvaient en brouillard et en vapeur avant de tomber dans le lac qui les attendait. Nous avons donné à cette belle série de cascades le nom de Chutes Rockingham.
En continuant à descendre le Fraser, nous arrivâmes, ce matin-là, à un espace ouvert durant quelques milles et qui est situé au bout occidental du lac ; nous y passâmes le reste du jour. L’endroit était fertile en gazon et en vesces, et nos chevaux s’y dédommageaient de leur longue diète, tandis que nous faisions de nouveau l’inspection de nos denrées. Notre farine et notre pemmican avaient été assez fréquemment trempés, ces derniers jours, pour être fort endommagés ; mais, en prenant la peine de les sécher avec soin au soleil, nous en sauvâmes la plus grande quantité. Pour nos conserves de végétaux secs, elles étaient perdues, et, afin d’en tirer le meilleur parti possible, nous les fîmes servir à notre nourriture presque exclusivement pendant les jours suivants. M. O’B. nous manqua quelque temps après notre arrivée. L’Assiniboine nous informa qu’il avait entendu le Vieux, c’est ainsi qu’il l’appelait, resté en arrière suivant son habitude, crier fréquemment au secours, et ajouta qu’il n’y avait fait aucune attention. Un peu plus tard, M. O’B. nous rejoignit. Il était en manches de chemise, portait son habit, sa couverture et sa selle, et se montrait tout à fait dégoûté de son cheval, qui, par ses caprices, le réduisait presque à la folie et