avait sans doute réussi à passer la Thompson et à se cacher près de Kamloups.
La faiblesse de nos chevaux était telle, que nous les avions laissés chez le vieux Saint-Paul reprendre des forces pendant quelques jours avant de leur faire franchir la rivière ; encore s’en fallut-il peu que ce trajet ne fût fatal au pauvre Bucéphale. Trop épuisé pour pouvoir nager bien, il fut près de s’y noyer. Cependant nos animaux se remirent promptement au milieu de ces terrains fertiles. Alors nous en fîmes cadeau à L’Assiniboine pour qu’ils lui servissent à repasser par le col de la Koutanie au printemps suivant.
Les Chouchouaps fréquentaient Kamloups en assez grand nombre. Leur amour de la toilette les faisait fort remarquer parmi les mineurs grossièrement attifés. Les hommes portaient des jambières écarlates, des peintures rouges et des rubans de couleurs voyantes à leur coiffure ; les femmes n’étaient heureuses que si elles avaient les chemises les plus éclatantes et, sur leurs têtes, les mouchoirs aux couleurs les plus vives. Ces Indiens commencent à apprécier les avantages de l’agriculture : ils réussissent bien à faire venir des pommes de terre ; ils font le commerce avec âpreté, savent la valeur de l’argent, et ce sont eux qui, pendant longtemps, avant l’ouverture d’un chemin pour les mules, ont servi de bêtes de somme aux mineurs et leur ont fourni les denrées nécessaires. Ils sont donc plus industrieux que les Indiens ne le sont à l’est des Montagnes Rocheuses ; cependant ils leur sont inférieurs au physique et au moral. Même bien des différences essentielles les distinguent de ceux de leurs frères que nous avons vus à La Cache. Ils sont moins grands et moins forts que les premiers ; leurs figures sont plus larges et plus rondes ; les pommettes plus élevées, le nez plus petit, moins saillant, avec les narines plus dilatées. Leur teint est plus foncé, d’une couleur plus terne et plus cuivrée que celle des vrais Indiens rouges. Leur apparence géné-