Aller au contenu

Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nord-est, jusqu’au pied du mont Pavillon, où elle franchit une élévation de quinze cents pieds par de rapides zigzags. Notre attelage, réduit alors à quatre chevaux, n’était plus à la hauteur de sa tâche, et nous dûmes gravir à pied la montée. Du sommet, nous eûmes, vers le sud-est, une vue étendue et nous pûmes examiner la curieuse façon dont était formé le côté de la descente.

Près de nous, se trouvait un creux dans lequel la surface présentait une succession de gonflements onduleux qui devenaient plus considérables à mesure qu’ils approchaient du fond. Ce creux nous eut l’air d’être un cratère éteint, d’où la lave se serait jadis échappée en courants houleux qui se seraient figés peu à peu, refroidis et convertis, par degrés, en la pente inégale et revêtue de gazon que nous apercevions. Le temps nous manquait pour justifier nos soupçons par un examen suffisant, et nous poursuivîmes notre chemin sur le plateau herbeux, qui commence à la cime du mont Pavillon et qui dure six à huit milles. La route s’éleva ensuite avec rapidité et nous conduisit en haut des Degrés du Serpent. Devant nous, la descente se précipitait pendant deux mille pieds ; nous avions, en pleine vue, au-dessous de nous, le chemin qui suit la configuration des hauteurs, en décrivant cette quantité de tournants et de zigzags d’où il a tiré son nom. Il est coupé sur le flanc de la montagne, souvent, il ne complète sa largeur qu’au moyen de poutres étendues au-dessus du précipice ; excepté aux tournants, deux voitures n’y peuvent point passer de front sans danger ; enfin il manque tout à fait de parapet qui protége les voyageurs.

À cette vue, chacun offrit spontanément de mettre pied à terre afin d’alléger les chevaux ; mais Johnny s’y refusa et nous descendit à fond de train, tandis que le wagon, lourdement chargé, faisait, à chaque tournant, les plus désagréables balancements. Que le break eût cassé, ou une roue, ou un timon, nous étions perdus. Tout tint bon, comme Johnny s’y attendait, et nous arrivâmes en bas sans accident.