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PRÉFACE

et naïves mélodies populaires. En raison du sujet et des personnages qui les chantent cette simplicité même devient un mérite ; la fraîcheur des motifs, la couleur locale, l’archaïsme du style musical et littéraire, tout conspire à conserver à ces lieds religieux une faveur constante.

Ces noëls nous semblent exquis, surtout par l’habitude que nous avons de les entendre ; ils ont réjoui notre jeunesse, bercé notre première enfance. Aussi les trouvons-nous ravissants, incomparablement beaux, à cause des souvenirs délicieux qu’ils évoquent. Musset avait raison d’écrire ces vers que j’ai choisis comme épigraphe à cet ouvrage :


Et rien n’est meilleur que d’entendre
Air doux et tendre
Jadis aimé !


Le poète des Nuits de Décembre écoutait peut-être alors chanter dans sa mémoire un vieux noël, écho lointain venu de ces églises où Rolla, blasphémateur et sceptique, se tenait orgueilleusement debout !

L’identité des sources où les noëls français puisent leurs suaves inspirations leur donne à tous une ressemblance frappante, un cachet indélébile, un air de famille irrécusable. Bien qu’on les reconnaisse pour frères aux traits de la physionomie, la différence des provinces, des époques, des caractères et des coutumes locales leur imprime en même temps une grande variété. « Ici, écrit Pierre Veuillot, domine la grâce, là, ressort plus particulièrement l’allégresse. Le noël breton a surtout de l’émotion, de la simplicité forte ; le noël bourguignon brille davantage par l’esprit et la verve ; les noëls méridionaux sont vifs, ailés ; au centre et au nord de la France le cantique de noël nous attendrit, nous pénètre jusqu’à l’âme. »

Graves ou naïfs, spirituels ou émus, langoureux ou gais, tous les noëls de notre ancienne mère-patrie sont charmants : tous exhalent un parfum de poésie véritable où se révèle l’âme même du peuple. Aux enfants tapa-