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PRÉFACE

fausse modestie ; qu’il n’était pas seulement ami de la sagesse, mais encore, et très certainement un sage, un philosophe, au sens moderne de ce mot, puisqu’il inventa le nom et le premier donna la définition de la plus haute des connaissances humaines. Pythagore, ami de la sagesse, ne pouvait l’être qu’à la condition d’admettre implicitement sa qualité de philosophe, tandis que vous et moi pouvons nous dire amis de la musique sans la connaître, sans la comprendre même ; il nous suffit pour cela de l’écouter.

En tout ceci, je ne fais auprès de mon lecteur que jouer le rôle d’un convive assis à un somptueux banquet et qui signale à son voisin de table tel et tel article de la carte rédigée, comme une note diplomatique, avec un art et une recherche aussi savants que dissimulés. Pour trouver le mets exquis, nul besoin d’en connaître la recette, il suffit d’y goûter. Ainsi je procède. Je dis simplement : « Écoutez bien cette mélodie, je ne m’engage pas à vous donner le comment et le pourquoi de son charme, mais elle me paraît délicieuse ; veuillez donc lui prêter une oreille attentive. »

J’ai lu quelque part dans un magazine, sous la signature de Zangwill, — un critique anglais fort à la mode — cette pensée qui me paraît clore tout le débat : « Art is finally for the spectator, not for the artist. The connaisseur in the banquetting-room does not care for the theories and quarrels of the kitchen ! “ You might as well say the man who can’t make a plum-pudding can’t enjoy a plum-pudding ”, was the sentiment of Dr. Johnson. » Or, ce docteur Johnson n’est autre que le fameux classique Samuel Johnson, l’auteur du Dictionnaire de la langue anglaise, l’un des hommes les plus savants du dix-huitième siècle. Inutile d’appuyer sur la valeur de son opinion.

La musique des Noëls anciens de la Nouvelle-France est empruntée, pour le plus grand nombre, à de simples