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Page:Myrand - Noëls anciens de la Nouvelle-France, 1899.djvu/158

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NOËLS ANCIENS

Non seulement on le chante à l’église, au temps de Noël, mais dans toutes les demeures et toute l’année. C’est encore moins un cantique qu’une berceuse accoutumée, une prière quotidienne que les mères récitent, plutôt qu’elles ne fredonnent, sur les petits berceaux endormis à son rythme caressant. Écoutez cette mélodie douce et tendre, où la naïve simplicité du style ajoute encore à la grâce des sentiments ; songez à toutes ces générations de générations françaises qu’elle a bercées, à ces milliers de familles qui, trois siècles durant, l’ont apprise à leur tour, chantée, transmise à d’innombrables séries de foyers, échos fidèles, vivants, continus, qui s’en vont, grandissant toujours à l’infini, comme des ondes sonores, dans le silence attentif des âges à venir. Nommez-moi une cavatine célèbre, un grand air d’opéra, coté haut dans l’estime de nos conservatoires modernes, choisissez-le vous-même dans les œuvres classiques des maîtres, dites-m’en un seul qui se puisse vanter d’avoir caressé autant de rêves, éveillé autant d’espérances, nourri autant de joies, troublé enfin autant de cœurs que cette romance villageoise pieusement convertie en cantique de Noël !

Quelle est donc la raison de l’extraordinaire faveur, de l’incontestable et permanente popularité de cette modeste composition ? Sa valeur poétique ? Les rimes n’en sont point millionnaires ; rapprochez-les, par exemple, des strophes superbes du vieux chant grégorien, Silence, ciel ; silence, terre, et ses couplets vous paraîtront assez médiocres. Sa mélodie, très agréable assurément, ne balance pas, à mon avis, le charme artistique de cet air de

    fut un des premiers, sinon le premier, habitants de Dawson-cité.

    Ce Joseph Leduc, que le Monde Moderne — un magazine français publié à Paris — (Cf : livraison de janvier 1898, N°. 37, page 126) — appelle Joe Ladue ! c’est l’orthographe phonographique de ce nom-là prononcé à la Yankee, ce Joseph Leduc, possédait une scierie au confluent du Klondyke et du Yukon.