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NOËLS ANCIENS

Par bonheur, nous possédons la musique de ce cantique remarquable, l’air en est indiqué au titre : Après le cours heureux.

Lorsqu’en 1819 l’abbé Daulé publia son Nouveau recueil de Cantiques à l’usage du Diocèse de Québec, il y avait cent ans et plus que nos ancêtres chantaient les Cantiques Spirituels et les Noëls Nouveaux (1701-1710) du célèbre abbé Pellegrin. Or, parmi les Cantiques Spirituels de ce fécond compositeur — (ils sont au nombre de 221) — il y en avait un, écrit sur cette pensée : que la mort des justes est précieuse devant Dieu. Alors comme aujourd’hui, il était, hélas ! et il est encore très en vogue, car on le chantait, comme on le chante, aux funérailles des grands personnages.


Après le cours heureux d’une vie innocente
Le sort qui la finit n’est pas un triste sort ;
Le sort qNotre bonheur augmente
Le sort qEn approchant du port,
Le sort qOn voit sans épouvante
Le sort qOn voiLa Mort !


J’avais dix ans quand je l’entendis chanter à la cathédrale (aujourd’hui basilique mineure) de Notre-Dame de Québec, le matin du 13 janvier 1865. Jour de deuil que celui-là pour ma ville natale et le Canada français. Dans tout l’éclat de nos pompes religieuses, on y célébrait les funérailles d’un saint prêtre et d’un grand écrivain, l’abbé Jean-Baptiste-Antoine Ferland. À l’offertoire de la messe, là-haut, au chœur de l’orgue, la maîtrise chanta ce beau cantique de Pellegrin. C’est une de ses meilleures poésies religieuses, elle paraphrase avec un rare bonheur ces paroles du psaume 115 : preciosa in conspectu Domini mors sanctorum ejus.

Dix-neuf ans plus tard, le 9 décembre 1884, toujours à Notre-Dame de Québec, la maîtrise répétait le cantique de Pellegrin sur le cercueil d’un autre prêtre éminent, fin lettré et savant musicien, Monsieur l’abbé Pierre