Robin, en ayant pitié,
A apprêté sa hotte ;
Jeanneton n’y veut entrer,
Voyant bien qu’on se moque.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
Aime mieux aller à pied
Que de courir la poste.
Tant ont fait les bons bergers
Qu’ils ont vu cette grotte.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
En l’étable il n’y avait
Ni fenêtre ni porte.
Ils sont tous entrés dedans
D’une âme très dévote.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
Là, ils ont vu le Sauveur
Dessus la chènevotte ; (paille)
Marie est auprès pleurant,
Joseph la réconforte.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
L’âne et le bœuf aspirant,
Chacun d’eux le réchauffe
Contre le grand froid cuisant,
Lequel souffle de côte.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
Les pasteurs s’agenouillant,
Un chacun d’eux l’adore,
Puis s’en vont riant, dansant
La courante et la volte.
Où est-il, le petit Nouveau-Né ?
Le verrons-nous encore ?
Prions le doux Jésus-Christ
Qu’enfin Il nous conforte,
Et notre âme, au dernier jour,
Dans les cieux Il transporte.
Où est-il, le petit Nouveau-né ?[1]
Le verrons-nous encore ?
Sous la forme d’un mortel,
C’est un Dieu qui se cache ;
Du sein du Père Éternel
Son tendre amour l’arrache ;
En victime il se livre à l’autel,
C’est un Agneau sans tache.
Faisons retentir les airs
Du son de nos musettes ;
Accordons, dans nos concerts,
Timbales et trompettes ;
Célébrons le Roi de l’univers,
Il est dans nos retraites.
Sa naissance sur ces bords
Ramène l’allégresse ;
Répondons par nos transports
À l’ardeur qui le presse ;
Secondons par de nouveaux efforts
L’excès de sa tendresse.
Nous voici près du séjour
Qu’il a pris pour asile ;
C’est ici que son amour
Nous fait un sort tranquille ;
Ce village vaut, en ce grand jour,
La plus superbe ville.
Qu’il est beau ! qu’il est charmant !
De quel éclat il brille !
Joseph passe vainement
Pour le chef de famille ;
Le vrai Père est dans le firmament.
La Mère est une fille.
Dieu naissant exauce-nous,
Dissipe nos alarmes ;
Nous tombons à tes genoux,
Nous les baignons de larmes ;
Hâte-toi de nous donner à tous
La paix et tous ses charmes.
- ↑ Sur ce même air : Où est-il, le petit Nouveau-Né ? Garnier, dans son recueil de Nouveaux Cantiques Spirituels, publie le délicieux noël suivant :
Dans le calme de la nuit
Un Sauveur vient de naître,
Devant Lui Satan s’enfuit
Et n’ose plus paraître ;
Allez tous, allez Bergers, sans bruit,
Allez Le reconnaître.Contemplez ce Rédempteur
Enveloppé de langes,
Il vous fait une faveur
Qu’Il n’a pas faite aux Anges ;
Allez tous, allez, pleins de ferveur,
Publier ses louanges.