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Page:Noailles Le Livre de ma vie.djvu/231

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LE LIVRE DE MA VIE

abîme des songes. Que de promesses, de parfums, d’horizon avait pour moi cette image aux syllabes mélodieuses, que faisait retentir dans le hall d’Amphion la voix allègre de Mariéton :

Le bâtiment vient de Majorque,
De Majorgue vient le bâtiment…

Par le génie azuré, salin, aromatique, stellaire de Frédéric Mistral, Paul Mariéton m’initiait à l’Hellade, de la même manière que la conversation du radieux Paderewski, son élocution brillante et l’accent velouté de sa race me transportaient dans a Pologne fastueuse, imaginative et susceptible. Mais ne sachant où situer le culte rendu par Mariéton à la poésie romane et à la langue d’oc, je m’attachais surtout aux cocasseries que provoquait son sacerdoce et qu’il se plaisait à révéler. Directeur de la Revue Félibréenne aux rares apparitions, revêtu jusque sur ses cartes de visite du titre de Chancelier du Félibrige, il nous ravissait en nous montrant, parmi la correspondance ininterrompue qui lui parvenait, des enveloppes qui portaient gravement la suscription de :

Monsieur Paul Mariéton,
Chandelier du Félibrige,

ou, pis encore :

Chamelier du Félibrige.