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honneur dont de si grands personnages m’avaient jugé digne, et je n’envisageai pas mon mérite, mais les témoignages d’autrui. Cependant j’hésitai un instant sur la question de savoir à qui je donnerais la préférence. Je sollicitai là-dessus, par une lettre, l’avis du cardinal Giovanni Colonna, dont j’ai parlé plus haut. Il se trouvait si près de moi que, quoique je lui eusse écrit dans la soirée, je reçus sa réponse le lendemain avant neuf heures du matin. D’après son conseil, je résolus de préférer à tout l’autorité de la ville de Rome ; les deux lettres que je lui ai adressées pour approuver son avis existent encore[1].

Je partis donc, et, quoique, selon la coutume des jeunes gens, je fusse un appréciateur très bienveillant de mes travaux, je rougis toutefois de m’en rapporter sur moi-même à mon propre témoignage ou à celui des personnes qui m’avaient appelé, ce qu’elles n’eussent point fait sans doute, si elles ne m’avaient pas jugé digne de l’honneur qu’elles m’offraient. C’est pourquoi je résolus de me rendre d’abord à Naples, et je me présentai devant le très grand roi et philosophe Robert, non moins célèbre par son savoir que par sa

  1. Lettres familières, IV, 4 et 5.