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Page:Pétrarque - Lettres de Vaucluse, trad. Develay, 1899.pdf/55

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me révèlent les secrets de la nature ; les autres me donnent d’excellents conseils pour vivre et pour mourir. Ceux-ci narrent les hauts faits de leurs aïeux, ceux-là racontent les leurs et font revivre dans leurs discours les actions passées. Il y en a qui chassent l’ennui par des propos joyeux et qui ramènent le rire par des plaisanteries. Il y en a qui apprennent à tout supporter, à ne rien désirer, à se connaître soi-même. Ils enseignent qui la guerre, qui les arts de la paix, qui l’agriculture, qui les clameurs du forum, qui les routes de l’Océan. Ils relèvent celui que l’adversité abat, répriment celui qu’enfle la prospérité, nous recommandent de songer à la fin des choses en nous rappelant les jours rapides et la vie passagère. Pour tant de services, ils demandent, légère récompense, une porte hospitalière, eux à qui la fortune ennemie laisse sur la terre de rares gîtes et des amis indifférents. Dès qu’ils entrent quelque part, ils tremblent de frayeur, et le moindre réduit leur semble un palais jusqu’à ce que les brumes de l’hiver disparaissent et que les Muses ramènent le printemps des études. Il n’est pas nécessaire que des tapis de soie recouvrent les murs, que les cuisines exhalent le fumet des viandes rôties, ni que la salle à manger reten-