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dans la partie septentrionale et dans le voisinage des bancs de sable ; c’est une espèce privilégiée qu’il est défendu de prendre et de tuer ; le gouvernement s’est réservé la récolte de ses œufs, qui ressemblent tout à fait aux œufs d’oie. Des gardiens sont postés à ces bancs de sable ; ils épient, pendant la nuit, le moment où la tortue vient pondre ; ils accourent, la renversent et lui impriment un sceau avec un fer chaud, comme signe de servitude, et afin que personne n’ait l’audace de prendre cet animal qui est devenu serviteur du roi.

La tortue noire, qui pèse environ quarante livres, habite les marais et ne vit que de cresson et de lizeron aquatique ; elle est dodue, grasse et bonne à manger, mais pas très-saine ; si l’on en mange souvent, elle donne la dyssenterie. Pendant les deux ou trois mois que les marais sont à sec, elle reste enfoncée à près de deux pieds en terre : c’est alors qu’on va sonder les marais avec un long bâton garni d’un fer pointu ; dès que le fer rencontre la carapace osseuse de la tortue, il n’y a qu’à creuser un peu pour l’avoir. Si l’on veut se procurer de ces tortues quand les marais ne sont pas encore à sec, on amasse quantité d’herbes sèches sur les cressons et lizerons qui bordent les