Page:Pasteur - Examen critique d’un écrit posthume de Claude Bernard sur la fermentation, 1879.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
- X -

de MM. Dumas en France, Liebig en Allemagne, devaient porter leurs fruits. Claude Bernard a été comme la résultante de ce double mouvement, et, dans vingt ans, moins ou plus, sous l’influence de l’esprit nouveau auquel son nom restera attaché, on verra peu à peu disparaître les ténèbres, héritage d’un autre âge, qui enveloppent encore la marche mal assurée des sciences médicales.

La Physiologie a éprouvé vers la fin du XVIIIe siècle une profonde transformation. Le vitalisme régnait à cette époque à peu près exclusivement dans les écoles. « Disciples de Bordeu, a dit un savant professeur de la Faculté de Paris, tout était pour nous subordonné à l’influence suprême de l’organisation et de la vie ; les vérités physiologiques nous paraissaient d’un ordre plus élevé que celles dont s’occupent les physiciens et les chimistes. Professant avec Aristote qu’où le physicien s’arrête le médecin commence, nous n’admettions qu’avec une extrême réserve les explications de la Chimie pneumatique, si brillante alors et cultivée par des hommes d’un si rare génie.

De telles erreurs de principe ne pouvaient rester debout en présence des remarquables découvertes de la fin du dernier siècle. En démontrant que la chaleur animale était subordonnée à des phénomènes purement chimiques, que la fonction de la respiration consistait essentiellement dans un acte de combustion, Lavoisier n’avait-il pas établi d’une façon merveilleuse que les êtres vivants, non moins que les êtres inorganiques, sont soumis aux lois générales de la matière ?

Toutefois, il est rare qu’une réaction contre des opinions