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régnantes ne dépasse pas le but. Aussi vit-on, à quelques années de là, la découverte de la pile électrique éblouir à ce point les esprits, qu’un grand nombre de médecins et de physiologistes crurent que l’on venait de rencontrer la source même de la vie.

Cette effervescence se calma et l’on comprit de nouveau, car c’est toujours là qu’il faut en revenir, qu’au lieu de disserter sur l’essence des choses, laquelle nous échappe, il fallait avant tout rassembler des faits bien observés et continuer par des épreuves sur les animaux vivants les travaux des hommes célèbres qui, à l’exemple d’Harvey et de Spallanzani, avaient fondé la Physiologie sur l’expérience. Un des savants qui s’éleva alors avec le plus de force et d’autorité contre l’esprit de système dans les études physiologiques et médicales, par son enseignement non moins que par la nouveauté de ses observations, fut précisément le maître de Claude Bernard, Magendie, dont le plus beau titre à la reconnaissance de la postérité sera peut-être d’avoir contribué à former un tel disciple.

III.

Je ne songe pas à présenter ici un examen détaillé des découvertes de Claude Bernard je n’en ai point le loisir, et l’espace me manquerait. C’est mon sentiment sur l’importance de ses travaux, de son enseignement et de sa méthode que je veux épancher, comme ces personnes qui éprouvent une sorte de malaise à admirer seules et en silence les œuvres de génie. Depuis quinze années, toutes les découvertes de Ber-