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ESCHYLE.

naux et aboutissant à un centre unique, accumulaient leur trop-plein dans des réservoirs immobiles. À Suse, à Ecbatane, à Persépolis, le Grand Roi avait des greniers et des caves d’or. Les monnaies métalliques, fondues au creuset, s’y déversaient dans des jarres de terre, à l’étui liquide. Quand le métal était refroidi, on brisait le vase où la masse s’était moulée en lingot compacte, et on le coupait ensuite selon les besoins. Un siècle plus tard, lorsque Alexandre prit Suse, il y trouva cinquante mille talents, plus d’un milliard d’aujourd’hui.

Une splendeur prodigieuse entourait ce Roi redoutable. On entrevoit, à travers quelques versets de la Bible, ses palais de marbre revêtus de pourpre, avec leurs lits d’or dressés sur des pavés de porphyre. Sa cour était un monde de dignitaires, de gardes, de veneurs, de pages, d’eunuques et d’esclaves. Les plus belles femmes de l’Empire, recrutées dans toutes les provinces, peuplaient et renouvelaient son sérail. Ses parcs de cèdres, ses jardins de rosés, remplis d’antilopes et de rossignols, étaient si magnifiquement délicieux que le « Paradis » en a pris leur nom. Quinze mille convives mangeaient chaque jour à ses tables. Athénée et Polybe nous ont transmis le menu de ces repas dévorants que les Macédoniens trouvèrent inscrit sur une colonne de cuivre, comme un rituel