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ESCHYLE.

Saspires, les Mosynèces et les Tibarènes. Toute une humanité étrange, immémoriale, abolie, dont les multitudes, évoquées par l’historien grec, rappellent l’immense charnier d’Ézéchiel prenant souffle et vie. Il semble même que des survivants d’une époque antéhistorique aient figuré à l’arrière-ban de ce monde en armes. Hérodote raconte que, plus tard, parmi les ossements du champ de bataille de Platée, on découvrit un squelette haut de cinq coudées, un crâne sans suture, et deux mâchoires dont les dents, toutes d’une pièce, ne formaient qu’un os.

Au milieu de l’armée, dans un espace à part, respectueusement circonscrit, s’avançait la garde du Roi : mille cavaliers d’élite et mille doryphores portant, la pointe en bas, leurs javelines fleuries de grenades d’or. Dix étalons superbes, magnifiquement caparaçonnés, la fleur des plaines Nizéennes, précédaient le char d’Ormuzd, traîné par huit chevaux blancs. Char sacré et inaccessible aucun homme n’avait le droit d’y monter ; le cocher suivait à pied, tenant les rênes dans sa main. Xerxès venait ensuite, debout ou couché sur un quadrige triomphal, planant sur ces multitudes ondoyantes, à la façon d’un dieu dont une mer roulant vers une plage bercerait la marche. Autour de lui, mille cavaliers nobles, distingues par les pommes d’or de leurs lances, et les dix mille Immortels portant sur leurs casques