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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

Xerxès, impatienté, lança ses Mèdes vers le défilé. Il avait fait placer son trône au sommet d’un tertre, et il s’y était assis comme sur un siège de théâtre, attendant un spectacle plutôt qu’une bataille. Les Mèdes se heurtèrent avec leurs rondaches d’osier et leurs courtes piques, contre les lourds boucliers et les lances démesurées des Spartiates. Un mur d’airain vivant les refoula et les étreignit ; ce premier corps fut exterminé. Le lendemain, autre attaque et même défense meurtrière : des flots d’assaillants se succédaient acharnés et toujours brisés sur ce récif d’hommes. Le jour suivant, Xerxès fit donner sa garde ; les Immortels s’avancèrent et lâchèrent pied comme les autres. La tactique grecque jouait avec l’impéritie barbare : de temps en temps la phalange spartiate feignait de se retirer et tournait le dos ; les Perses, croyant à un recul, s’élançaient avec de grands cris elle se retournait alors et les abattait par milliers. Peu de morts du côté des Grecs : la grande lance tenait le javelot écourté à distance, les Immortels étaient décimés par les invulnérables. Xerxès, voyant plier cette élite, sauta par trois fois hors de son trône, transporté de colère et saisi d’effroi. Détail épique qui met l’image d’un vers d’Homère dans une phrase d’Hérodote.

Mais un sentier perfide rampait dans la montagne et la prenait à revers. Le piège appelle le traître ;