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ESCHYLE.

il s’en trouva un pour l’indiquer à Xerxès. Les Perses le gravirent pendant la nuit, dispersèrent, à coups de flèches, mille Phocéens qui gardaient les cimes, et retombèrent sur les Grecs cernés par cette marche tournante. Les noirs augures des sacrifices du matin avaient déjà signalé à Léonidas l’approche de la catastrophe ; des sentinelles debout sur les collines lui apprirent que la montagne était envahie. Mais la loi de Sparte était là, divinité d’airain, visible à ses fils, qui ordonnait de tomber au poste assigné. Le pacte avec la mort fut aussitôt conclu devant elle. Aucune défaillance ne devant souiller ce grand sacrifice, les Trois Cents renvoyèrent leurs alliés douteux, pensant que les cœurs débiles étaient aussi dangereux dans une lutte extrême, que les bouches inutiles dans une place assiégée. Quelques Thespiens furent seuls jugés dignes de rester et de mourir dans leurs rangs. Un repas frugal fut distribué aux soldats, viatique suffisant pour le dernier jour. « Nous souperons ce soir chez Pluton », avait dit Léonidas à ses compagnons. Perséphone put l’entendre du fond de son temple dressé tout auprès sur une pente de l’Œta, et marquer leurs places au festin funèbre.

Les Spartiates n’attendirent pas l’attaque par derrière ils se ruèrent hors du défilé, sur avant-garde persane, et firent dans sa masse une trouée