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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/177

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SECONDE GUERRE MÉDIQUE.

Les Dieux, si lents à se déclarer, semblaient, en effet, redevenir patriotes ; les signes de salut se multipliaient. L’Athénien Dikéos et le Spartiate Démarate, tous deux émigrés chez les Perses, se promenant dans la plaine de Thrias, virent un nuage de poussière immense, qu’on eût dit soulevé par des milliers d’hommes, venir d’un train d’orage, du côté d’Eleusis. Or, ce jour-là était bien celui des Éleusinies, mais la guerre avait supprimé la solennité et fermé le temple, l’Attique était vide, tous ses habitants avaient fui. En approchant pourtant, la nuée poudreuse se remplit de pas et de chants, comme si elle enveloppait la foule des initiés revenant en procession de la fête. Une voix planait sur cette multitude invisible, et Démarate reconnut à ses cris mystiques celle d’Iacchos, l’agitateur des Mystères, l’enfant de Zeus et de Perséphone. Le nuage marcha vers Salamine, et se perdit dans la mer. Cette vision parut aux deux Grecs un présage certain de la défaite de Xerxès. Les Grandes Déesses, abandonnant leur sanctuaire, passaient, sans doute, dans ce tourbillon elles allaient rejoindre Pallas déjà montée sur les vaisseaux athéniens. La flotte hellénique était sûre de vaincre, portant trois Divinités à son bord.