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ESCHYLE.

cramponnaient des deux bras aux lances gigantesques qui fendaient leurs rangs, et s’efforçaient de les rompre. D’autres s’enfonçaient dans cette forêt de fer, et y frayaient avec leur corps des sentiers sanglants. Mais la guerre, dont les Grecs avaient fait un art, n’était pour les Perses qu’une fantasia déréglée. Un par un, dix par dix, comme aux Thermopyles, ils se faisaient tuer en harcelant vainement la phalange ramassée dans sa robuste unité. Mardonios tomba sous le coup d’épée d’un Spartiate, du haut cheval blanc qui le dressait au centre des mille guerriers de sa garde. Sa chute entraîna celle de l’armée, elle s’enfuit, en désordre vers le camp de bois fortifié que son chef avait fait construire. Là, le combat se changea en siège : mais la pesante Sparte ne savait et ne sut jamais prendre ni villes ni redoutes. Même dans la guerre, sa science unique, elle eut toujours la gaucherie de l’athlète avec sa vigueur. Il lui fallut appeler à l’aide les Athéniens restés en dehors de l’attaque centrale, aux prises avec les Thébains Médisants. — Athènes contre la Béotie : duel naturel et prédestiné qui s’est poursuivi, sous toutes les formes, à travers les âges.

Les Athéniens vainqueurs accoururent, et le camp fut emporté d’assaut. Le carnage surpassa celui de Salamine : les Grecs, une fois maîtres du retranchement, n’eurent plus qu’à égorger sans com-