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ESCHYLE.

de piques. Ce frêle abri fut vite démoli, elles assaillants poussant, la lance aux reins, les archers en fuite, entrèrent pêle-mêle avec eux, dans la flotte à sec, transformée en camp fortifié. Assaut extraordinaire, moitié terrestre et moitié naval, ayant pour champ le sable d’une plage, et des vaisseaux pour murailles. Les Perses s’acharnaient à la résistance ; mais la phalange Spartiate, ayant opéré son mouvement tournant, plongea sur eux de la pente qu’elle avait gravie. Ce torrent, joint à la marée montante des troupes athéniennes, submergea leurs masses emportées par les flots d’un double courant. En même temps, les Ioniens enrôlés par force dans l’armée persane, se révoltaient et passaient aux Grecs : la défection compliquait et précipitait le désastre, le camp envahi était déchiré par ses propres armes. La déroute fut désespérée : les restes de la dernière armée du Grand Roi s’enfuirent vers Sardes, par les montagnes de Mycale. Les vainqueurs firent de sa flotte dégradée un feu triomphal.

Il y toujours une fleur à cueillir sur un champ de bataille grec. Le mot d’ordre de la journée de Mycale fut Hébé, la déesse de la Jeunesse « aux beaux pieds », comme la surnomment les poètes, la servante céleste que Héra avait conçue en respirant une rose. Ce ne fut point sans doute au hasard que le stratège athénien choisit ce signal de ralliement printanier