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ESCHYLE.

par le contre-coup. Transposition superbe qui n’affaiblit pas l’impression. Le reflet, dans son drame, est aussi éclatant que l’aurait été l’action immédiate, l’écho retentit autant que la voix. Le revers du triomphe, déployé du côté de l’ennemi sous l’aspect de la catastrophe, rehausse sa splendeur. C’est en acclamations d’allégresse que les lamentations des Perses se répercutent dans le théâtre d’Athènes. Le poète va remplir, à Suse, le casque de Pallas des larmes brûlantes du vaincu ; il le rapporte au vainqueur et le lui fait boire à longs traits.

La scène est donc à Suse, devant le palais des rois, en face du mausolée de Darius. L’imagination peut le restituer d’après les ruines de celui de Cyrus, qu’on voit encore à Pasargadès : — autour du sarcophage écroulé, cinq piliers énormes sur lesquels est sculptée la figure du Roi, divinisée par les quatre grandes ailes des Amschaspands célestes. Ormuzd plane sur sa tête et la couvre d’un geste de bénédiction.

Au pied du tombeau vénéré se range le Chœur des Fidèles, le grave Divan des vieillards chargés par le Roi de gouverner la Perse pendant son absence. Ils se nomment et s’annoncent eux-mêmes, comme les personnages de nos peintures primitives par les phylactères qui pendent de leurs bouches. — « Ceux