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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/213

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LES PERSES D’ESCHYLE.

que vous voyez ici, ce sont les Fidèles, Nous sommes les gardiens de ces demeures remplies d’or : le roi Xerxès, notre seigneur, nous a confié la garde de son royaume, les autres Perses étant partis pour attaquer la terre de l’Hellade. » Ce sont bien, en effet, les custodes d’un empire vide ; une sensation lugubre d’isolement attriste leur chant : on les voit errer par la ville déserte, comme dans le lit d’un fleuve desséché. L’Asie a perdu sa fleur et sa force, la guerre a enlevé sa jeunesse dans un tourbillon. L’angoisse commence à troubler les âmes de ces sages. Pas plus de nouvelles de l’armée bruyante partie l’autre année, que d’un torrent perdu dans les sables. Aucun courrier, aucun cavalier n’est encore venu réjouir la ville royale d’un cri de victoire. Le Chœur chante pour se rassurer, dans l’obscurité de son inquiétude ; il glorifie l’armée disparue. Le dénombrement d’Hérodote repasse dans ses strophes, à l’état lyrique : les troupes de pied et les cavaliers, les chars et les navires, les archers et les rameurs innombrables. Au-dessus de ces foules confuses surgissent quelques noms de chefs secouant, comme des panaches, de grandes épithètes : Mégabaze et Astapès « à l’aspect farouche », Artembarès, « roi des combats équestres », Imaios « le sagittaire infaillible », Sosthanès « l’agitateur des chevaux », Arcteus et Métrangathès « roulant en