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LES PERSES D’ESCHYLE.

mères des rois iraniens remplissaient le sérail d’abominations. On dirait une dynastie de Furies. — Amestris, la veuve de Xerxès, vieille et craignant de mourir, fait enterrer vifs quatorze enfants de race noble, « afin de racheter son salut du Dieu qui règne sous la terre ». Hérodote raconte encore d’elle une horrible histoire. L’usage était que le jour de la naissance du roi, toute requête présentée pendant le festin dût être accordée. Elle demande qu’il lui livre une belle-sœur qu’elle haïssait, lui fait couper les narines, les oreilles, les lèvres, la langue, les mamelles qu’elle jette aux chiens, et renvoie à son mari ce reste sanglant qui palpite encore. — Parysatis, mère d’Ataxerxès Memnon, veut se venger de ceux qui ont pris part à la mort de son fils Cyrus, frère révolté contre son fils régnant, et tué dans la bataille qu’il lui a livrée. Artaxerxès a honoré et récompensé les hommes qui l’ont délivré du rebelle ; elle attend l’occasion et guette ses victimes. Mithridate a frappé le premier Cyrus ; elle l’accuse sur un propos de table, de haute trahison, et le fait condamner au supplice des auges, cet affreux chef-d’œuvre de l’art des tortures. Masabatès, l’eunuque favori du roi, se vantait d’avoir coupé la tête du jeune prince : elle propose à son fils une partie de dés, perd du premier coup mille dariques, demande sa revanche. L’enjeu sera cette fois un eunuque