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Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/220

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ESCHYLE.

livrer passage : la Bible seule en a d’aussi grands. Nullement confus pourtant dans leur mystère fatidique, modelés sur le fait ou sur l’expiation qu’ils prédisent, avec les hauts reliefs du symbole : on dirait des marbres terribles voilés par la nuit. Tel le Songe qu’Atossa raconte, mêlé d’étrangeté orientale et de beauté hellénique : il donne l’idée d’une sculpture persépolitaine que l’art grec aurait retouchée. — Deux femmes richement vêtues, l’une de la tunique dorienne, l’autre de la robe persane, lui sont apparues, plus belles que les femmes qui vivent maintenait, au-dessus d’elles par la majesté de leur taille. La première venait de l’Asie et la seconde de l’Hellade sœurs d’une même race, mais sœurs ennemies. Elles semblaient se quereller et prêtes à se battre. — « Mon fils, voyant cela, s’efforçait de les apaiser. Il les attela toutes deux à son char, et il ploya leurs cous sous les mêmes courroies. L’une redressait orgueilleusement sa tête, fière du harnais comme d’une parure, et sa bouche se prêtait au frein. L’autre se cabrait indignée ; elle rompait les brides de ses mains, et ses bonds fracassaient le char. Elle cassa le joug par le milieu, arracha les rênes le char roula sous ses secousses, et mon fils tomba. Et son père Darius était là, qui s’apitoyait sur sa chute, et dès que Xerxès le vit, il déchira ses vêtements. »