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LES PERSES D’ESCHYLE.

homme. Est-il mort ? a-t-il survécu ? L’angoisse est trop forte pour qu’elle ose adresser au Messager une question directe ; elle glisse cet homme dans une foule sur laquelle elle l’interroge craintivement. D’un mot, il va l’en retirer mort ou vif. — « Malheureuse je reste sans voix, accablée. Cependant, il faut bien que les hommes subissent les maux envoyés par les Dieux. Dis-nous donc tout. Dis-nous ceux des chefs qui vivent encore et ceux que nous avons à pleurer. Qui, parmi ceux portant le sceptre, ont laissé leur armée sans commandement ? » — Le Messager la comprend : — « Xerxès vit et voit la lumière. » — L’égoïsme de la mère éclate en un cri de joie : — « C’est une lumière » que tu apportes dans ma maison, avec cette parole ! un jour radieux dans une nuit noire ! »

Xerxès vit donc, mais que de chefs sombrés sous les flots du détroit terrible ! Le Messager les compte un à un ; ils roulent, en quelque sorte, dans son énumération tumultueuse, traversés d’une lance, précipités de leur nef, heurtant de la tête l’âpre côte : Artembarès, Dadacès, Ténagon, Litaïos, Amestris, Arsamès, Argestès, Arcteus, Artamès, Amphistreus, Sisamès, le mage Arabos, et Syennésis, « le premier par le courage », et Matallos de Chrysa, le maître de la cavalerie noire, « dont le sang a teint en pourpre sa barbe hérissée ». Cela rappelle ces « Passa-