Page:Paul de Saint-Victor - Les deux masques, tome 1.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LES PERSES D’ESCHYLE.

moi. Il ne m’a plus répondu, ni par des devins ni par des songes. Alors je t’ai appelé pour que tu me dises ce que je dois faire. »

Les Vieillards se sentent ressaisis vis-à-vis le spectre du tremblement qui les prenait en face du vivant. Ils croisent les bras, ils adorent, prosternés devant le suaire qui l’enveloppe, comme devant le rideau de pourpre qui le voilait, les jours d’audience, aux yeux de sa cour. — « Je crains de te regarder, je n’ose te parler, l’antique respect me retient. » Darius les dispense du cérémonial, en roi d’outre-tombe qui sait ce que vaut la fumée des hommages terrestres. — « C’est à ta prière que je viens d’en bas ; parle donc, et brièvement ; laisse là le respect. » Mais les vieux serviteurs se replongent dans leur vénération et dans leur néant, ils n’osent regarder fixement ce soleil couché. — « Je crains de t’obéir, je crains de te parler. Ce que j’ai à dire ne doit pas être dit à ceux qu’on révère. » — Darius s’adresse à Atossa qui répond : « Ô toi qui fus le plus heureux des hommes, tu apprendras tout en peu de mots. La puissance des Perses est détruite. J’ai dit. »

Alors le Spectre interroge, comme au retour d’un long voyage, un roi rentrant dans son royaume en détresse, et s’enquérant des causes du bouleversement. — « Est-ce la peste ou la guerre civile qui